Epandages
Suite aux fortes pluies, en zone vulnérable aux nitrates, une dérogation exceptionnelle autorise l'épandage d'engrais azotés de type II (lisiers, digestats) sur les cultures d'automne et les couverts intermédiaires d'interculture longue, jusqu'au 15/11/2024. Plus d'infos
Dernière mise à jour le 16 novembre 2024
Retour d'expérience de la journée filière fleurs coupées du 05 novembre 2024.
Le 5 novembre 2024, la Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une journée dédiée à la filière fleurs coupées. Une première en Auvergne-Rhône Alpes ! Une vingtaine de personnes, porteuses de projet et déjà installées, ont ainsi pu échanger avec Hélène Taquet, co-fondatrice du Collectif de la Fleur Française, sur l’approche du marché des fleurs coupées.
En Isère, on compte aujourd’hui 12 fermes florales (atelier principal ou atelier complémentaire), pour 35 en AURA. Et ce n’est pas terminé : entre 5 et 10 projets sont en réflexion dans le département.
Le marché des fleurs coupées pèse 300 millions d’euros en France. 85% de ces fleurs sont importées. La Hollande domine ce marché, avec une filière particulièrement structurée : des producteurs spécialisés qui mutualisent leurs productions, une chaine logistique parfaitement huilée. En quelques clics, les fleuristes peuvent commander de nombreuses références et être livré le lendemain. Les pays producteurs en Afrique et en Amérique du Sud bénéficient quant à eux du climat et d’une main d’œuvre peu chère.
Dans l’Hexagone, France Agrimer dénombrait 278 fermes florales « professionnelles » en 2020. Aujourd’hui, en intégrant les structures où les fleurs sont un atelier complémentaire, on estime entre 700 et 800 producteurs. La surface totale de production avoisine les 500 ha (il y en avait environ 10 000 en 1960). La surface moyenne de production des fleurs coupées est de 7000 m². La moitié de la production française se fait dans le Var.
Pour la distribution, on dénombre 12 000 fleuristes. Côté consommation, si on note une tendance générale à la baisse, les ventes de fleurs locales, elles, progressent.
Dans ce contexte où la production française est devenue marginale, le Collectif de la Fleur Française est engagé pour la défendre depuis 2017. Il regroupe des fermes florales, des fleuristes et des grossistes.
Hélène Taquet, qui en est cofondatrice, est intervenue le 5 novembre pour partager avec ses collègues floricultrices et floriculteurs d’Isère et des départements autours. Installée à Blécourt, dans le nord de la France, elle cultive des fleurs sur la ferme familiale construite en 1806, après avoir été paysagiste pendant 15 ans.
« Travailler la terre, ce n’est pas juste savoir faire pousser des plantes, c’est une entreprise. Il faut monter un projet viable, faire des études de marché, planifier, s’équiper et surtout vendre sa production. Je souhaite aujourd’hui partager et transmettre cette expérience acquise depuis plus de 20 ans.
Toucher les fleurs rend heureux !»
Pour le collectif, les enjeux de la relocalisation sont donc d’abord environnementaux : éviter de faire venir par avion des millions de tiges. Eviter aussi les aberrations d’un schéma où des fleurs commandées dans le Var par un grossiste isérois passent par le marché d’Aalsmeer, en Hollande. A cela s’ajoute des enjeux socio-économiques, avec des créations d’emplois - la production nécessite de la main d’œuvre, et la dynamisation d’un réseau d’acteurs importants (grossistes, fleuristes, fournisseurs…).
Les fleurs apportent du bonheur à ceux qui les cultivent et à ceux qui les achètent. Cela ne doit pourtant pas occulter les difficultés de cette production délicate. La palette des compétences à maîtriser est assez large.
La qualité des fleurs doit être au rendez-vous pour justifier l’écart de prix avec la concurrence étrangère. Le critère n°1 : les fleurs doivent tenir longtemps en vase. De plus, l’origine des fleurs est bien sûr importante, mais l’histoire de la ferme le sera tout autant pour créer un lien avec sa clientèle. Avec les particuliers comme les professionnels, une approche marketing est nécessaire (identité d’entreprise, newsletter…). Avec les professionnels, la disponibilité des produits – en quantité et dans la durée – est déterminante. Cela impose une forte maîtrise technique, de la production et de la récolte. Récolter au bon stade et conserver les fleurs dans de bonnes conditions de température sont des étapes clés dans la qualité de la fleur.
Pour atteindre la maîtrise technique nécessaire tout en contenant ses charges, Hélène Taquet préconise de viser un système assez simplifié. Ne pas trop diversifier (20 espèces maximum), utiliser un minimum de matériel pour faciliter la manutention, privilégier les plants plutôt que les semis… Cette approche permet à la fois de gagner du temps, de sécuriser la production et de s’économiser physiquement.
Cela permet également de proposer des prix de vente acceptables pour sa clientèle. En effet, l’étude de son marché est indispensable. Il est assez difficile de bien fidéliser les fleuristes, les marchés de plein vent sont chronophages, la vente à la ferme est très dépendante de la localisation…. Il n’y a pas de voie royale : chaque structure doit construire son mix.
Florent Falcon, un des Coquelipotes (LF Distribution), basé à Veurey-Voroise, a présenté sa structure. Cette jeune entreprise distribue des fleurs aux fleuristes de la région. Leur éthique : s’approvisionner le plus localement possible. S’autorisant à commander en Hollande pour des demandes spécifiques, ils travaillent surtout avec le marché de Hyères (Var). Aujourd’hui, 4 fermes florales locales leur fournissent des fleurs, peut-être bientôt une cinquième. Ils sont très demandeurs de développer cette source d’approvisionnement. C’est d’ailleurs le producteur qui fixe son prix : de quoi battre en brèche les à-priori sur les prix pratiqués par les grossistes.
Hélène Taquet a pu confirmer que les prix de vente aux grossistes peuvent être tout à fait corrects. Ce circuit présente un avantage parfois sous-estimé : il peut être plus efficace comparé à une tournée de livraison de plusieurs fleuristes (transport, négociation, facturation…). Là aussi, le volume sera un critère à prendre en compte.
L’engouement pour cette rencontre du 5 novembre a souligné l’intérêt pour les floriculteurs d’échanger. Que ce soit pour affiner les itinéraires techniques, parler commercialisation pour proposer une offre attractive, ou pour faire des achats groupés : les sujets ne manquent pas ! Si le Collectif de la Fleur Française joue un rôle fédératif au niveau national, le besoin de réseau de proximité a été clairement exprimé au cours de la journée.
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Virginie THOUVENIN
Conseillère Valorisation des Produits Fermiers - Accompagnement au changement